lundi 24 novembre 2014

A la Saint-Martin on mange du cochon


Je l'ai échappée belle, dans le canton voisin du Jura, il y a une tradition qui revient chaque deuxième dimanche après la Toussaint. : la fête de la Saint-Martin qui célèbre la fin des travaux dans les champs et dont les nombreux plats sont essentiellement à base de cochon. 


C'est à cette date que se paient les baux ruraux et que se règlent les dettes. Toutes les récoltes sont rentrées, et les porcs sont gras. Mais la mauvaise saison qui s'annonce va rendre difficile leur nourrissage : c'est donc le temps de tuer ce cochon. Une partie peut être conservée par salaison, séchage et fumage, mais diverses parties de l'animal demandent à être consommées tout de suite faute de moyens de conservation. De là vient le copieux menu de la Saint-Martin.
C'est en Ajoie qu'a lieu la fête de la Saint-Martin.
Plusieurs années alors que je vivais en Chine, des amis restés en Suisse ont organisé le gueuleton, chacun réalisant un plat. Rien qu'à les lire, j'en avais une indigestion. Jetons un coup d’œil au menu :
  • le bouillon aux petits légumes (parfois accompagné d'une tranche de bouilli, mais dans ce cas, après le boudin) ;
  • la gelée de ménage (sorte d'aspic avec de la viande) ;
  • le boudin à la crème, accompagné de compote de pommes, d'une salade de racines rouges et de rösti ;
  • les grillades, atriaux et rôti, accompagnés de rösti ;
  • le rôti, généralement avec une salade verte ;
  • la choucroute garnie de jambon, porc frais, saucisse fumée d'Ajoie et accompagnée de pommes de terre ;
  • l'eau-de-vie de damassine (optionnelle) ;
  • la crème brûlée ;
  • le totché, un gâteau à la crème épaisse, plutôt salé ;
  • les striflates (chtriflates, schtriflattes), sortes de beignets en forme d'escargots qu'on mange avec de la crème à la vanille. 
Cette tradition culinaire permet à chacun de retrouver le goût de la convivialité et de se faire plaisir au cours d'un repas qui dure tout l'après-midi respectivement toute la soirée. Pour ceux qui s'y seraient pris trop tard, il reste l'espoir de trouver une place pour le "Revira", le week-end suivant. Les acteurs du tourisme s'accordent à reconnaître que la manifestation prend toujours plus d'ampleur. 

Il semble que ce menu contient en moyenne 1 kg de cochonnaille. Je lis aussi qu'il la valeur énergétique du menu dépend du nombre de plats, suivant s'il compte 8 ou 12 plats, y compris les accompagnements et le vin il affichera entre 3000 et 4000 calories. Quand même...Il paraît que lorsque l'on se rend dans le Jura, on y danse entre les plats pour faire la digestion.

Le poète jurassien Louis Valentin Cuenin (1819-1868) a écrit une célèbre ode, intitulée "Le cochon":

"De saint Martin célèbre-t-on la fête
Qui ne se pâme à l'odeur du boudin
Toute l'Ajoie alors se met en quête
Pour l'arroser d'un petit broc de vin
(...)
Chez lui le poil, la peau, les os, la graisse,
Les intestins, en un mot, tout est bon.
Avec bonheur tout haut je le confesse:
Oui, mes amis, je chante le cochon".

Je ne goûte pas trop à la poésie, mais  c'est volontiers que j'en reprends une tranche, même avec un verre de damassine. Mais pas de boudin, merci.


Chaque année, des milliers de personnes domiciliées à l'extérieur, en particulier des Jurassiens, prennent d'assaut les restaurants. Les hôtels en Ajoie affichent aussi complet. Au mois de février, toutes les chambres disponibles à Porrentruy sont déjà réservées pour cette période, souligne-t-on à Jura Tourisme.

La fête de la Saint-Martin aura lieu en 2015 du vendredi 13 au dimanche 15 novembre et le Revira le weekend d'après.

Moi, je suis drôlement contente que personne n'ait eu l'idée ou l'envie d'organiser la Saint-Martin. Quelle excuse aurais-je pu trouver ? J'ai perdu l’habitude de manger autant de viande.

http://www.rts.ch/info/regions/jura/6275763-tout-savoir-sur-la-saint-martin-la-fete-jurassienne-du-cochon.html
http://www.saintmartin.ch/

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