mercredi 10 décembre 2014

Parlez-vous suisse ?

http://www.yapaslefeuaulac.ch/17-differences-entre-la-suisse-et-la-france/
Un si petit pays avec 4 langues nationales et l'anglais qui s'infiltre un peu partout, ça étonne. Surtout ceux et celles qui pensent qui chaque Helvète maîtrise toutes ces langues, alors qu'il n'en est rien. Non, les frontières linguistiques fluctuent, mais sont tout de même assez hermétiques.

64,9 % de la population est germanophone et parle l'un des nombreux dialectes suisses allemands
et 22,6 % francophone (à l'ouest du pays) ; l'italien, représente 8,3 % de la population (au sud des Alpes),
et le romanche, 0,5 % (essentiellement dans le canton des Grisons) compte moins de 40 000 locuteurs !
Il existe des Français qui pensent que nous sommes canadiens, ou belges, mais ceux qui sont proches de chez nous ne sont pas dupes, c'est davantage une question d'accent que de mots ou d'expressions. Le français de Suisse se caractérise par quelques mots tels que septante, huitante ou nonante, ainsi que localement par des mots et expressions issues de langues germaniques ou de patois. Ainsi un Suisse francophone n'aura aucune difficulté à comprendre un Français, et un Français pourra sourire des quelques mots employés uniquement en Suisse romande.


Je lis qu'officiellement c'est l'allemand qui la langue principale de la Suisse, pas le suisse-allemand. Je lis, et je rigole doucement. Les Helvètes qui ne s'expriment ni en français, ni en italien, ni en romanche, ne parlent pas allemand non plus. Ils communiquent en Schwyzerdütsch. Or, le Schwyzerdütsch n'est pas une langue écrite. C'est un idiome qui se parle. Le problème, c'est qu'il n'est pas uniforme et se divise en différents dialectes utilisés différemment selon les cantons ou les vallées. Ainsi, un Bernois n'a pas tout à fait le même jargon qu'un Argovien. Un Zurichois peut se moquer d'un Bâlois... Pour faciliter les choses, les Alémaniques sont censés connaître le Hochdeutsch, qu'ils ont appris à l'école - les Romands l'ayant appris aussi, en théorie, l'ennui est que ni les uns ni les autres n'aiment utiliser le "bon allemand". Coincé entre les montagnes, le Schwyzerdütsch est une variété d'allemand qui n'a pas évolué; il semble que les étudiants d'allemand moyenâgeux sont ravis de venir en Suisse entendre des tournures qu'ils ne pensaient plus trouver ailleurs que dans leurs livres. Pour des raisons que je ne comprends pas, le suisse-allemand a tendance à se consolider au sein des écoles et des médias; sur la radio DRS, quelque 63% des propos jugés d’information sont tenus en dialecte. Comme si on ne voulait pas pas que l'étranger, qui a trimé à apprendre les prépositions qui demandent le datif et qui s'efforce de ne pas oublier le verbe à la fin de la phrase, ne s'intègre pas ou difficilement. Pourtant, ce suisse-allemand peut s'apprendre puisqu’il existe des milliers, des dizaines de milliers d’étrangers, venus de tous les pays, de Chine, d’Argentine ou des Philippines, qui ont été obligés d’apprendre le suisse-allemand en peu de temps pour exercer leurs professions. Ils sont contraints de se débrouiller, tant bien que mal, parce qu’ils n’ont pas le choix.


En Suisse italienne (le canton du Tessin et quelques vallées méridionales des Grisons), on parle un dialecte tessinois, apparenté aux parlers lombards, et la langue écrite est l'italien. Le dialecte est la langue maternelle de la majorité de la population. L'italien est utilisé avec le tessinois dans l'administration, le monde des affaires et les services publics. Les programmes de radio et télévision de la RTSI sont en italien mais certains sont en dialecte. La moitié de la population de l'aire italophone est bilingue. Les principales hautes écoles sont situées dans d'autres régions linguistiques du pays et la plupart des italophones sont donc contraints de parler l'allemand ou le français. À l'inverse, le Tessin est une région touristique fréquentée par les Suisses alémaniques ou les Allemands. L'usage de l'allemand standard au Tessin augmente et a tendance à devenir courant.

Pour avoir un écho du fameux «accent suisse» ainsi que
des différents dialectes alémaniques et tessinois. Il faut se rendre ici
Parlé par 0,5 % de la population et moins de 40 000 locuteurs, le romanche (rumantsch en romanche) est une langue romane. Elle constitue la 4e langue nationale suisse. L'usage de cet idiome étant en lente régression, on craint pour son avenir. On notera qu'il existe cinq variétés locales traditionnelles du romanche : le sursilvan (13 879 locuteurs), le sutsilvan (571 locuteurs), le surmiran (2 085 locuteurs), le puter (2 343 locuteurs) et le vallader (5 138 locuteurs), cinq langues naturelles différentes, ayant chacune sa propre forme écrite standardisée. Tu parles d'une réserve d'Indiens dans les Grisons et le cauchemar chaque fois qu'il était question de traduire un ouvrage.


Le Rumantsch Grischun (romanche grison) est la forme unifiée et standardisée de la langue, créé et introduit par la Lia rumantscha en 1982. C'est aussi la forme de la langue enseignée et promue dans presque toutes les écoles primaires des Grisons depuis 2010. Heureusement que la Lia rumantscha  existe, je ne parierais pas sur la survie du sutsilvan...

Donc, nous avons 4 langues, mais nous ne parlons pas tous ces 4 langues. On ne sera pas étonné que les Grisons soient les plus multilingues, suivis des Tessinois. Après, c'est plus compliqué... Je reviendrai à cet épineux problème dans mon prochain billet.

Enfin, bon nombre de Suisses sont des citoyens du monde et s'expriment en anglais, souvent dans sa version globish.


Mani Matter, lui, c'est en bernois qu'il chante. On connaît mieux sa chanson Hemmige grâce à un autre Bernois...

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