mercredi 25 février 2015

Neuchâtel, c'est la Belgique, Neuchâtel c'est compliqué

Patiner sur le Doubs, entre Suisse et France, un grand rendez-vous
d'hiver lorsque la neige fait défaut mais pas le froid
Le hasard des piles sur mon bureau me fait associer deux articles que j'ai conservé sur mon canton bien mal en point. Deux articles, deux avis qui se donnent une bonne idée de la spirale négative dans laquelle nous nous sommes engagés.

Une tradition qui ne date pas d'hier
... tout comme glisser sur les lac des Taillères
D'abord, un regard sérieux sur un sujet "léger". Avons-nous des traditions ? se demandent les auteurs d'un ouvrage récemment publié (Complications neuchâteloises, histoire, tradition, patrimoine). Dès 2008, la Confédération s'est engagée à dresser l'inventaire de nos traditions vivantes. Tous les cantons ont établi une liste de traditions qui leur paraissaient constitutives de leur identité, entre carnavals, Saint-Martin et Bénichon. Sauf à Neuchâtel où les nombreuses autorités locales consultées ne voient pas, ne savent pas... Après la Réforme, on a gommé les traditions liées à la religion catholique, mais on ne les a pas remplacées par des traditions populaires. Pourtant, nous en avons... En automne, nous faisons la torrée, en hiver nous allons patiner sur le Doubs... Amnésie protestante, pudeur ... ou tradition de ne pas avoir de tradition?

Un saucisson cuit dans la braise...
... c'est la torrée

Puisque dans l'article que j'ai sous les yeux on mentionne ce fameux clivage entre le haut et le bas, je me suis demandé ce n'était pas justement la cause du problème. Surtout si je fais le lien avec une page plus récente. Tentons le coup !

L'autre article est une réflexion faite autour d'une conférence donnée la semaine passée par un géographe, Pierre Dessemontet, qui a comparé le canton à la Belgique sous forme de boutade. Pourtant... Le canton a eu été l'un des plus riches de Suisse, grâce au Haut et à son horlogerie. Puis est arrivée la crise horlogère, le Haut s'est appauvri, le Bas s'est enrichi, comme en Belgique où la Flandre a pris le dessus sur la Wallonie... En Haut, on est plutôt à gauche, en Bas à droite. Ni le Haut ni le Bas ne veut être minoritaire...

On vient du Bas pour travailler en Haut
Le géographe se lance ensuite dans une analyse de deux mondes : hier et aujourd'hui. D'un côté la stabilité, les places de travail que l'on garde jusqu'à la retraite, on vit là où l'on travaille. Et si on change d'emploi, on déménage, on ne pendule pas... le monde d'hier. Aujourd'hui, on sature routes et trains parce que c'est cher de déménager. Comme elle et lui travaillent, c'est difficile de trouver un endroit pour vivre qui convient aux deux. Et si on déménage, c'est pour combien de temps puisque les entreprises ouvrent et ferment. On ne travaille plus où on vit, on ne connaît plus ses voisins... Les exigences ont augmenté, plus d'efficacité, de sécurité, des progrès techniques, médicaux, scientifiques, les petites structures de proximité ne répondent plus à ces exigences. La concentration a touché les entreprises, le commerce et l'industrie, le services publics ont suivi. On est devenus mobiles, on n'a plus besoin de poste et si c'était le cas, on irait pendant sa pause de midi, là où l'on travaille, ou en chemin...

On va étudier en Bas
On ne peut pas tout avoir, dit l'article, les avantages d'hier et ceux de la modernité. Le Bas est moderne, le Haut accroché à son passé avec ses torrées et son patinage en famille sur le Doubs...

L'avenir nous dira ce que nous garderons de ce rythme que nous nous imposons.

Moi, ce que j'ai constaté c'est que quand je travaillais en Bas en habitant en Haut, on me prenait un peu pour une campagnarde avec des valeurs dépassées. Quand je m'éloignais de mon canton pour aller vers d'autres centres en Suisse romande (Lausanne, Genève), tout le canton, Haut et Bas confondus, ne représentait à leurs yeux qu'une miette d'intérêt; on nous trouvait coquet même si on avait de la peine à nous placer sur une carte. Et lorsque je franchissais gaillardement la barrière de rösti (la frontière des langues), je représentais toute la nonchalance romande, le je m'en foutisme latin comparé à l'efficacité alémanique...

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