samedi 11 avril 2015

Gauguin chez Beyeler

Ernst Beyeler entreprend dès 1940 des études d'économie et d'histoire de l'art à l'université de Bâle. Dans le même temps, il travaille dans la librairie d'un antiquaire Juif allemand réfugié en Suisse. Au décès de celui-ci, en 1945, il rachète la librairie et la transforme en galerie. En 1947, il organise une première exposition de gravures japonaises sur bois. A partir de 1951, les expositions se succéderont sans interruption. Entre 1959 et 1965, il fait l'acquisition d'une partie de la collection Thompson (Pittsburgh), soit 340 œuvres de Cézanne, Monnet, Picasso, Matisse, Léger, Miró, Mondrian, Braque, Giacometti. En 1966, Beyeler rend visite à Picasso dans son atelier de Mougins ; sa notoriété et ses relations d'amitié dans le milieu des artistes sont telles que Picasso lui laisse choisir 26 tableaux. Il les montre aussitôt en deux expositions.
Ernst (1921-2010) et Hildy (1922-2008) Beyeler, Photo: Niggi Bräuning
En 1971, Beyeler est cofondateur de la foire internationale Art Basel, dont il s'occupera jusqu'en 1992. En 1972, il rachète à Nina Kandinsky une centaine de toiles, d'aquarelles et de dessins. Un tel fonds assurera sa fortune grâce aux plus-values dues à l'euphorie du marché de l'art. En 1982, il cède sa collection d'œuvres d'art à la fondation Beyeler. 

Le musée de la fondation Beyeler
C'est en 1991 que l'architecte italien Renzo Piano élabore le projet de construction du musée (55 millions de francs suisses) destiné à recevoir la collection à Riehen, dans la banlieue bâloise. Inauguration en 1997, puis agrandissement en 2000.


La fondation Beyeler a été impliquée dans le débat sur les œuvres volées pendant la guerre par les nazis. En 2002, elle a trouvé un arrangement extrajudiciaire avec les héritiers de l'ancien propriétaire d'une peinture de Kandinsky.

Tout ça, c'est pour Beyeler et sa fondation, tiré de Wikipedia.


Gauguin, c'est Paul (1848-1903), le peintre. Comment se fait-il que la Fondation Beyeler puisse organiser une grande exposition sur cet artiste ? Beyeler a des armes : tout le monde a besoin des tableaux de la collection Beyeler, qui peut en laisser en otages pendant l'exposition Gauguin. Orsay abrite ainsi en ce moment un superbe Picasso des années 30, sans rapport avec la période couverte par le musée. 

Autoportrait à la palette, 1893/94
 Il n'y pas eu moins de 13 pays prêteurs pour la grande exposition Paul Gauguin 2015.  " La plus remarquable consacrée aux chefs-d’œuvre de cet artiste fascinant à être montée en Suisse depuis plus de soixante ans," avait-on annoncé. Six ans de préparation. " C'est le projet qui a exigé le plus d'investissements de toute l'histoire de la Fondation Beyeler." Il faut dire qu'il n’existe de par le monde aucun musée d’art exclusivement consacré à l’œuvre de Gauguin.  La Fondation Beyeler a notamment obtenu pour cette exposition un groupe d’œuvres de Gauguin conservées dans les légendaires collections russes du musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg et du musée Pouchkine de Moscou parmi la cinquantaine d’œuvres de Paul Gauguin qui sont présentés. Avec leurs couleurs éclatantes et leurs formes élémentaires, ils ont révolutionné l’art et continuent d’enthousiasmer les spectateurs d’aujourd’hui.

Hina Te Fatu (La Lune et la Terre) , 1893, est une description
d'un ancien mythe polynésien. Selon le mythe,
Hina, l'esprit féminin de la Lune, implore Fatou,
l'esprit masculin de la Terre, d'accorder aux humains
la vie éternelle. Une demande fermement rejetée par Fatou.
The Museum of Modern Art, New York
Vahine no te tiare (La femme à la fleur), 1891

Ny Carlsberg Glypothek

Museum of Decorative Art, Copenhagen
Des autoportraits de l'artiste, des tableaux datant de son séjour en Bretagne, des toiles que Gauguin a créées à Tahiti. L’artiste y célèbre son idéal d’un monde exotique intact, liant nature et culture, mysticisme et érotisme, rêve et réalité dans une parfaite harmonie.

Bonjour Monsieur Gauguin (II), 1889
Národní galerie v Praze, Prague
Les créations uniques de Gauguin parlent de la quête d’un paradis terrestre perdu, elles évoquent la vie mouvementée d’un artiste entre les cultures, déterminée par la passion et la soif d’aventure. Aucun artiste à la recherche de soi et d’un art inédit ne s’est engagé sur des voies aussi aventureuses, aucun ne s’est rendu dans des contrées aussi lointaines que Paul Gauguin.

Nafea faaipoip (Quand te maries-tu?), 1892
Déposé au Kunstmuseum de Bâle,
il va partir au Qatar pour 300 millions de dollars.
Cochons Noirs, 1891
Collection privée



















 Enfance au Pérou, carrière dans la marine marchande qui l’a conduit à sillonner les mers, expériences de courtier en bourse puis vie de bohème dans le Paris fin de siècle, ami et parfois mécène des impressionnistes, membre de la communauté d’artistes de Pont-Aven, compagnon de Van Gogh à Arles. Découverte de Tahiti, ermite sur les îles Marquises... un nomade moderne,  marginal critique à l’égard de la civilisation occidentale. Gauguin a découvert une nouvelle forme de sensualité, d’exotisme, d’authenticité et de liberté pour l’art moderne. Il n'avait que 54 ans quand il mort à l'autre bout du monde, usé et amer.

Je n'ai pas noté le nom de cette sculpture.
Voilà ce qui arrive quand on prend en douce
une photo alors que ce n'était pas autorisé !
" Je pars pour être tranquille, pour être débarrassé de l’influence de la civilisation. Je ne veux faire que de l’art simple ; pour cela j’ai besoin de me retremper dans la nature vierge, de ne voir que des sauvages, de vivre leur vie, sans autre préoccupation que de rendre, comme le ferait un enfant, les conceptions de mon cerveau avec l’aide seulement des moyens d’art primitifs, les seuls bons, les seuls vrais. "  Paul Gauguin en conversation avec Jules Huret, 1891
 
Certaines toiles voyagent peu. C'est le cas de l'immense D'où venons-nous?
Qui sommes-nous? Ou allons-nous?
, réalisée par Gauguin avant une tentative de suicide en 1898.
Elle représente le cycle et le sens de la vie.
Museum of Fine Arts, Boston
De cette grande toile, j'ai préféré photographié
ce détail que j'ai aimé. Pour avoir des informations
sur la totalité de cette œuvre, c'est ici.
J'ai aimé toutes ces œuvres de Gauguin. J'ai découvert que l'on pouvait utiliser des couleurs vives et gaies en étant mélancolique et désespéré. Que l'on pouvait rêver de paradis sur terre, penser le trouver à l'autre bout de la planète - ce qui devait être tellement inhabituel à cette époque - et constater que la colonisation avait déjà détruit ce rêve.
 
L'autoportrait au Christ jaune, 1889
Musée d'Orsay, Paris
Pour une analyse détaillée, c'est ici.
http://www.fondationbeyeler.ch/fr/expositions/paul-gauguin/introduction

http://app.gauguin.fondationbeyeler.ch/fr/vips/

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