lundi 13 avril 2015

Pomme : conte horloger

Il était une fois William Leong, héritier en troisième génération du mini-groupe horloger singapourien Leong Poh Kee. Il y a trente ans, ce fils de famille  a déposé en Suisse, pour la classe 14 (horlogerie), le nom Apple et un logo à la pomme. Certains disent qu’Apple était peut-être le nom d’une jeune fille de ses pensées, d'autres celui de sa fille, c’est en tout cas un prénom courant à Singapour.
 
Les droits de William Leong pour une montre classe 14 lancée sur le territoire suisse avec un logo en forme de pomme ont été scrupuleusement renouvelés et entretenus depuis le dépôt de la marque, en 1985. Business Montres – qui a révélé toute l’affaire – en a publié l’historique, ainsi que le document officiel de l’Institut fédéral de la propriété intellectuelle. Personne d’autre que William Leong ne peut donc utiliser le mot Apple ou une pomme pour désigner une montre en Suisse.
Le mot Apple associé à la pomme appartiennent
dans le domaine suisse à William Leong,
actuel propriétaire de la marque Leonard.
L'échéance de la protection est fixée au 5 décembre 2015.
Il était une fois, en 1985, une toute petite entreprise informatique à Cupertino, une municipalité américaine de Californie dans le comté de Santa Clara au sein de la Silicon Valley. Le co-créateur, Steve Jobs vient de se faire virer de Apple Computer, Inc. à la suite d'un conflit avec l'homme qu'il avait recruté au poste de directeur général (pour revenir prendre la direction de la marque à la pomme en 1997 et se trouver dès lors à l'origine de la réussite planétaire des différents produits lancés depuis). En 1985, il n’avait pas encore lancé son Macintosh. Le nom de domaine apple.com n’était pas encore déposé.

Depuis, Apple Inc. est devenue une entreprise multinationale qui conçoit et commercialise des produits électroniques grand public, des ordinateurs personnels et des logiciels informatiques, les ordinateurs Macintosh, l'iPod, l'iPhone et l'iPad, le lecteur multimédia iTunes, la suite bureautique iWork, la suite multimédia iLife, ... et la montre iWatch... ah non, Apple Watch !
En avril, en Suisse, les medias ne parlent que de Baselworld, le salon mondial de l'horlogerie et de la bijouterie qui se déroule à Bâle (2 200 exposants de 45 pays différents pour plus de 100 000 visiteurs, l’événement annuel majeur de l'industrie horlogère). Cette année, avant la manifestation, on s'attendait, sinon à l’arrivée triomphale de la montre à la pomme parmi les horlogers, au moins à une apparition discrète ; on reprochait aux Suisses d'avoir raté le train ; on voyait déjà les montres traditionnelles enterrées, une image du passé. Or, l’Apple Watch a été d’une grande discrétion. Était-ce pour la simple raison que la Suisse est l’épicentre de l’industrie horlogère mondiale avec près de 60 000 personnes employées par l’industrie horlogère suisse générant plus de 20 milliards de dollars annuellement à l’économie du pays ?
On chuchotait qu’Apple pourrait rencontrer des problèmes pour un éventuel lancement de son Apple Watch en Suisse en raison que la marque avait déjà été déposée en 1985 par William Leong. La Suisse est à l’avant-garde internationale pour les questions de propriété intellectuelle.  Apple ne peut donc pas exploiter en Suisse la moindre montre qui porterait le nom d’Apple ou un logo à la pomme. Du moins jusqu’en décembre 2015. La sortie de l'Apple Watch est prévue le 24 avril en Europe, mais pas en Suisse. Si vraiment on ne pouvait vivre sans être connectés par le poignet, il faudrait alors passer la frontière.

William Leong ne songeait pas à parasiter Apple. D'ailleurs, ce nom n’a pas été utilisé à des fins commerciales ni pour autre chose par Leong Poh Kee. Apple pourrait tout à fait contester cette propriété intellectuelle de fait de n’avoir jamais été utilisée, mais il est plus probable que la société américaine opte plutôt pour un rachat de la marque en Suisse et bénéficie des pleins droits à la suite de ça. Et si il était question d’un procès, il est fort probable qu’Apple l’emporte sans problème.

William Leong est-il un visionnaire ? Même pas, mais pour l’entrepreneur de Singapour cela pourrait constituer une excellente opération. Est-il en position de négocier avec le géant américain un contrat juteux ? Une réponse à plusieurs millions de francs sans doute.

 A moins qu'ils ne se marient et aient beaucoup d'enfants...

Qu'est-ce que je pourrais déposer comme nom ? Oeil ? Helvétie ?

Pour écouter ce conte, c'est ici.


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